Être au plus près de l’Elysée. Voilà ce que veulent les gilets jaunes pour la manifestation parisienne de samedi. Déjà, le ministre de l’Intérieur a prévenu : il y aura des barrages filtrants pour contrôler les manifestants qui veulent entrer sur les Champs-Elysées.
L’exécutif espère contenir la gronde. Samedi dernier, elle leur avait explosé au visage, sur ces mêmes Champs.
Sauf que depuis, le mouvement a vu de nouveaux appuis le rejoindre. Le comité Adama entend porter la voix des quartiers populaires. Un de leurs militants justifiait ce choix à Regards :
« On n’a pas réussi à le faire avec les syndicats et partis politiques depuis combien de temps ? La dernière fois qu’on a bloqué les Champs c’était quand ? »
Les lycéens, à l’appel de l’UNL, se mettent dans la mêlée. Selon France Bleu, des établissements sont actuellement bloqués à Rennes, Poitiers, Orléans, au Pays Basque et à Marseille. L’indignation face aux récentes réformes, comme Parcoursup, est toujours présente.
Jeudi soir, François Ruffin, Frédéric Lordon et Assa Traoré s’étaient donné rendez-vous place de la République à Paris pour essayer d’élargir encore le socle du bloc contestataire. L’assemblée générale a appelé, pour une période indéterminée, à envahir les parterres des ministères lors d’apéros-occupations. C’est Nuit debout qui enfile le gilet jaune.
En parallèle, la CGT organise samedi une manifestation pour la défense du pouvoir d’achat et la Fage une autre contre l’augmentation des frais d’inscription à l’université. Si ces deux mouvements ne sont pas "officiellement" estampillés gilets jaunes, ils participent de la colère ambiante contre le pouvoir macroniste.
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La France bloquée
Si à Paris, Rungis est bloqué, en régions aussi, les gilets jaunes s’activent. À Lorient, c’est un dépôt pétrolier qui est toujours complètement bloqué. Celui de Brest ne l’est que partiellement.
À Châteauroux, les accès à l’aéroport sont bloqués.
Dans l’Ain et en Charente, trois centres des impôts ont été murés en une nuit.
À La Réunion, l’île est une véritable poudrière. Asphyxiés économiquement depuis des années, les Réunionnais font, de plus, face à une gestion très coloniale de la crise de la part de l’hexagone.
Tant de blocages qui impactent l’économie du pays. Et c’est bien ça, en plus du nombre de manifestants dans les rues, qui fait tanguer la macronie.
C’est une révolution ?
Une étude de quatre chercheurs en sciences sociales, publiée sur Arrêt sur images, montre que les gilets jaunes sont bien plus politisés sur les réseaux sociaux que ne veulent le montrer les médias. Ainsi, loin des débordements racistes ou homophobes, c’est le sentiment d’injustice sociale et les arguments écologiques qui apparaissent le plus.
Désormais, sur les réseaux sociaux, le mot "révolution" est très fréquemment employé, de même que les références à 1789. Et Emmanuel Macron y tient à merveille le rôle de Louis XVI. N’est-ce pas lui qui fanfaronnait, en pleine affaire Benalla : « Qu’ils viennent me chercher ? »
Sur le terrain aussi, les esprits s’échauffent avant demain. A Regards, une dame lance :
« On est à une charnière historique. Faut politiser dans le bon sens. Depuis 1968, on n’a pas vu une mobilisation populaire comme ça ! »
Dans l’hémicycle, députés communistes et insoumis entament des tractations pour déposer une motion de censure contre le gouvernement.
Voilà l’état d’esprit avec lequel tous se retrouveront sur les Champs-Elysées samedi. À deux pas du "Palais", donc. Tout reste indéterminé.
Le Fage ? contre le pouvoir macroniste ? euh....
Non là ils essaient de sauver les meubles, c’est tout.
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