En cherchant à construire
une alliance entre les
partis d’extrême droite
européens, Marine Le
Pen joue gros. Elle
conduit cette opération
continentale alors
que le FN cherche à couper les liens
visibles avec l’histoire réprouvée : le
racisme de base, la nostalgie nazie ne
sont plus tolérés dans les instances du
parti. Des têtes de liste aux municipale
ont été radiées des cadres tandis que
la direction du parti cherche à étouffer
les témoignages de cette réalité ancrée
au sein du FN.
Et pourtant Marine Le Pen prend le
risque de faire la tournée de partis
pour construire une internationale
européenne qui ancrerait sa formation
dans une communauté d’histoire,
celle de l’extrême droite dans
toutes ses expressions.
Malgré les risques de brouillage du
message, l’objectif poursuivi est stratégique
: il s’agit de conforter le poids
politique du FN et Marine Le Pen sait
que cela passe par une influence
à l’échelle européenne.
Ainsi, six partis politiques d’extrême
droite vont s’unir pour les élections européennes
de mai 2014. Leur objectif
commun : devenir la « troisième force »
du Parlement. S’ils y parvenaient nul
doute que le retentissement dans les
politiques de l’UE serait sensible. L’alliance
a été scellée le 15 novembre à
Vienne. À l’invitation du FPO autrichien,
se sont retrouvés des représentants du
Front national, emmenés par Marion
Maréchal Le Pen, de la Ligue du Nord,
en Italie, des Démocrates suédois,
du Vlaams Belang, en Belgique et
du SNS slovaque.
Plus de voix
Leur accord politique se fait sur une
réorientation de l’Europe. Ils plaident
pour « le maintien de la souveraineté
nationale contre le centralisme de
Bruxelles » et une « conservation des
identités culturelles des peuples européens,
contre une immigration massive
et une islamisation de l’Europe ».
Les « racines chrétiennes » du continent
européen constituent un socle du
discours. Ces partis ont en commun de
tourner le dos à l’antisémitisme pour
privilégier la défense de l’Occident
contre la menace islamiste.
Tous espèrent un surcroît de légitimité
dans leur propre pays. Le FN se
montre particulièrement actif dans la
constitution de cette alliance ; Les leaders
FN sont de toutes les réunions et
multiplient les bilatérales. En octobre,
Marion Maréchal-Le Pen intervenait à
une réunion du Vlaams Belang belge.
Le 8 novembre, Marine Le Pen rencontrait
à Stockholm les responsables des Démocrates suédois, crédités de 10 %
des intentions de vote.
Marine Le Pen fait de ce pôle un filtre
pour éliminer les petits groupuscules.
En ce sens aussi il s’agit d’un jalon
dans la dédiabolisation de son parti.
Elle le dit sans détour : « Je veux tourner
le dos à l’ensemble des mouvements
qui ne sont pas sur les mêmes
grandes lignes que nous ou qui n’ont
pas le sérieux nécessaire pour réfléchir
avec nous. Je veux travailler avec
des partis crédibles et de tout premier
plan. » Ainsi, elle a exigé et obtenu de
Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch
qu’ils quittent l’Alliance européenne
des mouvements nationaux qui regroupait
des formations radicales.
La conquête d’un groupe au Parlement
leur ouvrirait une nouvelle visibilité et
leur donnerait des moyens accrus.
Pour cela, il leur faut atteindre vingtcinq
élus répartis dans au moins sept
pays de l’Union européenne. Concrètement
cela signifie gagner des élus en
provenance de deux nouveaux pays.
Si l’extrême droite parvient à former
un groupe au Parlement européen, elle
aura plus de moyens (collaborateurs,
bureaux, secrétariat, communication,
etc.) mais aussi un temps de parole
proportionnel à sa taille. Occasion de
se faire entendre dans une enceinte où
elle est, pour l’instant, marginalisée.
Pourquoi pas un groupe d’eurosceptiques et de patriotes, cela nous changerais des PPE/PSE eurofédéralistes !
http://fn-alsace.miniville.fr
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