Européennes : à gauche, la bataille pour la troisième place s’annonce rude

UEgauche

Le suspense est intenable : qui, entre LFI, le PS, le PCF et les écolos, finira derrière l’extrême droite et la Macronie ?

Les élections européennes, pour ceux qui ne suivent pas, ça se tiendra du 6 au 9 juin dans les 27 États-membres de l’UE, précisément le dimanche 9 pour ce qui concerne la France. D’ici là, chaque tête de liste va battre la campagne pour tenter de convaincre la petite part des Français susceptibles de se bouger les fesses un dimanche pour des élections qui ne les passionnent jamais.1

Comme à la dernière présidentielle, l’électorat de gauche va avoir l’embarras du choix. Les européennes ayant l’avantage d’être une élection à la proportionnelle (et donc en un seul tour), on pourrait y voir là une forme de cohérence. L’objectif n’est pas qu’un seul homme l’emporte mais que le panel de nuances de gauche s’exprime.

Mais une fois qu’on a dit ça…

Car il est une réalité : la gauche joue la médaille de bronze. L’or et l’argent, c’est pour les autres, en l’occurrence Bardella et Hayer (vous ne la connaissez pas, c’est la tête de liste de Renaissance, le parti macroniste).

Que nous disent les sondages ?

  • Que Lutte Ouvrière, menée par Nathalie Arthaud, fera acte de présence avec son 1%.
  • Que le PCF, mené par Léon Deffontaines, battra son plus mauvais score de 2019 en passant de 2,49 à 3%.
  • Que les écologistes de Marie Toussaint et les insoumis de Manon Aubry se tiendront dans un mouchoir de poche à 8%. Est-ce qu’un mauvais résultat pour le parti écolo peut être considéré comme un bon score pour la Mélenchonie ?
  • Que les socialistes, emmenés par Raphaël Glucksmann, vont être les seuls à gauche à dépasser les 10%.

Pendant ce temps-là, les macronistes peineront à toucher la barre des 20% et le RN, lui, survole autour des 30%.

Que de réjouissances.

Partant de ce constat, c’est à qui mangera le petit poisson le plus proche de lui.

Et tu tapes, tapes, tapes…

Pas une semaine sans une passe d’armes (de plus en plus violente). La plupart du temps, c’est sur X (ex-Twitter) que ça se passe – il faudra un jour que la gauche s’interroge sur son utilisation d’un réseau social acquis à l’extrême droite pour gérer sa propre communication.

Quand Léon Deffontaines charge la gauche qui « s’est perdu dans une forme de communautarisme », visant LFI sans la nommer. Et les insoumis de le comparer à Zemmour ou Ciotti…

Quand le PCF fait démarrer son clip de campagne par une égalité entre Valls, El Khomri et Mélenchon sur le thème « la gauche, elle a déçu »

Quand Rima Hassan trouve que Fabien Roussel « parle la langue du Rassemblement national » parce que celui-ci n’a pas la même position qu’elle sur la Palestine.

Pas une semaine, écrivais-je… et on n’est que mercredi !

On peut remonter à ce rythme l’actualité sur des mois. L’approche de l’échéance électorale fait monter la moutarde aux nez des responsables politiques. De Gaza à Kiev, le partenaire le plus proche de soi semble être la pire des raclures. Personne n’est épargné par cette surenchère verbale.

À ce prix-là, pas sûr que cela mobilise les foules. Au risque de laisser encore la Macronie en tête à tête avec l’extrême droite. Et de laisser planer le rêve d’une tripartition équivalente de la vie politique là où la gauche est faible comme rarement elle l’a été dans l’histoire…

  1. Depuis 1962, sur les 17 élections, tout scrutin confondu, où l’abstention a excédé la participation, neuf ont été des élections européennes. ↩︎

15 commentaires

  1. Berthelot Jacques le 13 mars 2024 à 19:03

    « Européennes : à gauche, la bataille pour la troisième place s’annonce rude »
    Ce titre a lui seul exprime l’état de la gauche : regarder paisiblement passer les trains de la Macronie et du R-Haine.
    Le fait est intégré , la gauche est hors jeu, il faut dire qu’à force de répéter stupidement « nous sommes trop différents pour nous unir » , il n’y avait pas d’autre issue.
    Ce qui est par contre critiquable dans cet article c’est que les sondages nous sont présentés comme des vérités absolues.

  2. gb26100 le 13 mars 2024 à 22:10

    A mon avis, la crise du libéralisme économique appelle des réponses résolument anticapitalistes. Le capital ne laisse aucune chance à ceux qui se contentent des miettes, de quelques graines à moudre. Avec ce point de départ, le débat des Européennes peut devenir un grand moment politique. Et les idées simplistes et populistes pourraient être mises en difficulté.

    • Frédéric Normand le 14 mars 2024 à 11:03

      On ne lutte pas contre le populisme de droite en faisant du populisme de gauche.

  3. lecteur le 14 mars 2024 à 08:08

    Les sondages disent ce qu’on leur dit de dire et non ce que pense « l’opinion publique » dont on peut se poser la question si elle existe à l’instar de Pierre Bourdieu (https://www.acrimed.org/L-opinion-publique-n-existe-pas et https://www.monde-diplomatique.fr/2012/01/BOURDIEU/47159 [la fabrique des débats publiques})

  4. Mackno le 14 mars 2024 à 13:29

    Cette situation n’aurait pas existé si certains partis n’avaient pas tiré un trait sur leurs engagements dans la Nupes…

    Le Pcf, eelv et les Ps voulaient leur bataille de petits chevaux, ils l’ont.

    Et les électeurs de gauche sont les dindons de leurs farces.

    • Berthelot Jacques le 14 mars 2024 à 19:56

      Très Juste.
      Celles et ceux qui crachent sur la NUPES prennent une énorme responsabilité dans les futures défaites de la gauche.

      • Cyrano 78 le 15 mars 2024 à 21:58

        Particulièrement dans la presse subventionnée, subventionnée contre LFI n’est-ce pas !!!

        Mais, mais le RN est obligé à sortir du bois, nous l’avons vu S’ABSTENIR contre Macron, étonnant pour une « opposition » n’est-ce pas ?

        Et on a vu le PS et EELV « votaient les crédits de guerre », comme d’habitude !!!!
        Le vote du PC contre la guerre doit nous interroger! Il prouve que Roussel ne voulait pas laisser LFI seule capitaliser sur ce vote. Les merdias ne se sont pas trompés, ils ont surtout parlé de Roussel et non de LFI beaucoup peu plus importante que le PCF, sauf à Regards. Les merdias en faisant cela ont voulu pondérer une position extrêmement populaire !!!
        Courage Camardes, la paix en Ukraine et à Gaza : la population se rapproche de nos positions et de notre cohérence !!!

        • Frédéric Normand le 16 mars 2024 à 00:40

          Le RN ne sest pas abstenu contre Macron. Il s’est abstenu dans le soutien à l’Ukraine. Sa faute est là, et elle est majeure. Il fallait voter oui, comme les autres formations de droite. Ce n’était nullement faire acte d’allégeance à Macron. Les circonstances exigent un soutien sans faille à l’Ukraine. Faute également de Roussel et de Mélenchon, qui ont fait un calcul électoraliste minable.

          Quant à l’opinion, elle est ce qu’elle est. Il y en avait en 1938 des Français qui ne voulaient pas mourir pour Dantzig. L’histoire leur a-t-elle donné raison ? En 2024 les mêmes Français ne veulent pas mourir pour Kiev. Eh bien ! nous verrons si l’histoire les absoudra.

          • alain legros le 16 mars 2024 à 01:26

            Pour que l’histoire nous absolve il faudrait que nous ayons commis une faute. La question est pourquoi faut-il faire la guerre à la Russie. A part les ritournelles de propagande habituelle. je n’ai toujours pas de réponse sensées et j’aime mon pays.



          • Cyrano 78 le 16 mars 2024 à 13:36

            Pour répondre que sur une seule partie !!

            je vois beaucoup de gens qui veulent que les jeunes aillent au front!
            J’en vois AUCUN qui y vat !! BHL, Gluksmann etc ….

            Bon vous partez quand en première ligne ?
            Après on discutera !!



          • Frédéric Normand le 16 mars 2024 à 20:57

            @alain legos. La faute est de croire qu’il vaut mieux ménager Poutine que le combattre.



          • Frédéric Normand le 16 mars 2024 à 21:02

            @Cyrano78. Ceux que vous citez ne sont plus en âge de porter les armes. Leur position ne s’en trouve pas obérée par rapport à celle de leurs concitoyens plus jeunes. Pas renforcée non plus. Quelle est la vôtre ? Ne rien faire, capituler devant Poutine, c’est ça ?



          • Cyrano 78 le 17 mars 2024 à 17:07

            Ok et pour le génocide en Palestine ?
            solutions possibles :
            On nie
            on relativise
            on vote l’embargo sur les carambars et les confettis
            on envoie des troupes pour défendre des êtres humains

            Pourquoi les mêmes qui sont prêts à envoyer des mecs au casse-pipe en Ukraine, veulent RIEN faire pour les Palestiniens ?
            Coincidence c’est les mêmes qui nous disaient qu’il fallait attaquer l’Iraq (encore des arabes mais ce n’est PAS une coincidence!) car il était prouvé qu’il y avait des armes de destruction massives.



  5. Mab le 16 mars 2024 à 10:05

    Raphaël Glucksmann de gauche ? Ah bon je n’avais pas remarqué…

  6. Berthelot Jacques le 16 mars 2024 à 20:21

    Mobilisation générale pour un cessez le feu et le retrait des troupes Russes d’Ukraine.
    Celles et ceux qui nous disent plus d’armes , intensification des combats , pensent -elles et ils aux ukrainiennes et aux Ukrainiens qui subissent les crimes, les bombardements , les destructions , non bien sur.
    L’UE , tout le monde devrait faire pression sur l’ONU pour sauver le courageux peuple Ukrainien des massacres , des souffrances.
    C’est tellement facile de dire  » intensification de la guerre  » dans son salon , quand on n’en est pas acteur !
    Cessez le feu retrait des troupes Russes d’ukraine !
    Cessez le feu à Gaza , retrait des troupes Israëliennes !
    Ces propos me vaudront d’être traité de  » Munichois » par les disciples de BHL , mais je m’en f…..

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