Accueil | Par Dominique Vidal | 5 décembre 2018

Gilets jaunes : et si nous réinventions la dialectique ?

Près d’un mois après le début du mouvement des "gilets jaunes", intellectuels, artistes, politiques, syndicalistes et personnalités de la société civile donnent à Regards leur lecture de ce soulèvement populaire.

Vos réactions (1)
  • envoyer l'article par mail envoyer par mail
  • Version imprimable de cet article Version imprimable

Une caractéristique me frappe – comme simple citoyen – dans la couverture médiatique du mouvement des gilets jaunes et plus encore dans l’attitude de nombre de responsables politiques à son égard : c’est l’incapacité à traiter le phénomène dans sa diversité et ses contradictions. Pour les uns, les gilets jaunes sont les nouveaux héros de la révolte sociale, dont rien, absolument rien, ne viendrait entacher l’action. Et pourtant d’innombrables témoignages attestent de graves dérapages : violences, réflexions racistes et islamophobes, agressions homophobes, etc. Sans parler des pillages et des destructions commis à Paris et dans plusieurs autres villes.

 

LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>>
Gilets jaunes : que la colère se mue en espérance
par Clémentine Autain

 

Ces faits sont-ils étonnants, vu l’état de la gauche et du mouvement ouvrier, et, plus généralement, la perte de traditions de lutte organisées et donc démocratiques ? Évidemment non : l’affaissement idéologique, politique et organisationnel des forces progressistes facilite les dérives populistes et les manipulations d’extrême droite.

Avec toutes leurs limites, les gilets jaunes incarnent et polarisent une sorte de soulèvement populaire contre l’austérité macronienne.

Faut-il pour autant se tenir à distance d’un mouvement "impur" et opposer non sans quelque mépris fins de mois et fin du monde ? Ce serait suicidaire : avec toutes leurs limites, les gilets jaunes incarnent et polarisent une sorte de soulèvement populaire contre l’austérité macronienne, avec sa fiscalité injuste, sa précarisation généralisée, son chômage persistant, sa pauvreté en pleine explosion.

Si l’écologie apparaissait comme vecteur ou prétexte du néolibéralisme, elle n’aurait aucune chance de convaincre. Bref, comme l’a bien souligné Nicolas Hulot lui-même, seul un accompagnement social des mesures pour la défense de la planète permettra la mise en œuvre de celles-ci.

Mais il serait tout aussi suicidaire de taire toute critique, au risque de laisser le champ libre aux forces les plus dangereuses qui, en France comme ailleurs, se fixent pour but la prise du pouvoir. À cet égard, la complaisance de certains leaders, singulièrement Jean-Luc Mélenchon, est particulièrement frappante. Et si nous réinventions la dialectique ?

 

Dominique Vidal,
journaliste et historien

 

Retrouvez l’ensemble
des tribunes
ci-dessous

 >Clémentine Autain
 >Bertrand Badie
 >Ludivine Bantigny
 >Esther Benbassa
 >Alain Bertho
 >Laurent Binet
 >Thomas Branthome
 >Paul Chemetov
 >Rokhaya Diallo
 >Bernard Friot
 >Pierre Khalfa
 >Philippe Panerai
 >Thomas Porcher et Farid Benlagha
 >Olivier Tonneau
 >Christophe Ventura
 >Dominique Vidal
 >Arnaud Viviant

Vos réactions (1)
  • envoyer l'article par mail envoyer par mail
  • Version imprimable de cet article Version imprimable

Vos réactions

  • @ Vidal
    "À cet égard, la complaisance de certains leaders, singulièrement Jean-Luc Mélenchon, est particulièrement frappante." Pourriez-vous expliciter et démontrer ? On sait votre haine à l’égard de JLM depuis vos erreurs d’appréciation relativement aux bombardements d’Alep et Damas de 2016-2017 (les faits récents vous ont donné tort) mais en l’occurrence vos sous-entendus insultants ici sont abjects . Des dialecticiens comme vous ne sont que des pharisiens sophistes calomniateurs.

    Egon Le 5 décembre 2018 à 14:59
  •  
Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.