Emmanuel Macron a promis… que les enfants en situation de handicap iraient tous dans une école pouvant les accueillir avec un encadrement adapté à chacun. Il a promis... la hausse du pouvoir d’achat et la vie digne pour les personnes concernées par un handicap. Il a promis... la construction de structures adaptées. Il a promis... l’ouverture à de nouveaux droits. Il a promis... plus d’accessibilité.
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Mais la réalité du « en même temps », c’est celle d’un gouvernement qui a tenté de détruire l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) en la limitant à une condition d’activité avant de reculer devant la mobilisation des associations et la contradiction majeure de limiter une allocation de compensation d’inactivité à de l’activité... Et s’entête aujourd’hui à refuser qu’elle se calcule sur les revenus de chaque individu plutôt que sur ceux de son ou sa conjointe, au détriment de l’autonomie des personnes, alors même qu’on connaît leur vulnérabilité.
C’est la réalité d’un gouvernement qui aggrave la situation des élèves en situation de handicap et contribue à rendre l’école encore plus excluante en restreignant le nombre d’accompagnateurs et accompagnatrices (AESH) par élève, les contraignant avec la mise en place du système PIAL (Pôle Inclusifs d’Accompagnement Localisés) à une mutualisation et un forfait horaire de 5 heures maximum. En plus d’être en nombre insuffisant, ces AESH qui étaient au cœur des promesses de campagne du candidat Emmanuel Macron souffrent d’un manque profond de reconnaissance, de formation et de rémunération. À ce jour, plusieurs milliers d’enfants demeurent sans solution. La République abandonne ses enfants.
La réalité, c’est aussi celle d’un gouvernement qui n’investit pas dans la mise en accessibilité des transports, de l’urbanisme et des services publics. Pire, c’est la loi ELAN qui fait reculer les objectifs d’accessibilité des logements de 100% à seulement 20%.
La réalité, c’est celle d’un gouvernement qui ne fait rien pour aider les familles dans leur recherche de professionnels pour les aider, qui ne les accompagne pas davantage dans leurs démarches administratives avec des dossiers toujours plus complexes, et des procédures toujours plus kafkaïennes.
La réalité, c’est la promesse d’un gouvernement qui octroie le droit de vote à toutes les personnes en situation de handicap mais n’en garantit pas les conditions effectives. Manque d’accessibilité des bâtiments, pas d’accompagnement pour aller voter, pas de signalétique adaptée : ce droit nouveau est, dans les faits, inaccessible.
Cette déconnexion entre les paroles et la réalité de nos bâtiments publics et de l’organisation de nos services publics a été illustrée par un moment symbolique, qu’on pourrait qualifier de grotesque s’il n’était pas profondément choquant : en mars dernier, à Toulouse, le Palais de Justice, qui ne répond pas aux normes d’accessibilité, a pourtant été choisi pour l’audience de militants et militantes en faveur des droits des personnes en situation de handicap, jugés pour avoir mené deux actions coup-de-poing. Les conditions d’audience, totalement inadaptées à leur état de santé et leurs besoins spécifiques, ont provoqué une scène indigne de la justice et du respect dû à n’importe quel citoyen. Là encore, la promesse républicaine universaliste se heurte à la réalité excluante du bâti, de la voirie, du logement et des transports, des programmes, services et emplois...
Aujourd’hui, cette égalité de façade devient insupportable. Le président Macron a ainsi fait preuve de cynisme politique envers des personnes marginalisées qui désiraient des actes, et non des promesses opportunistes. Il est urgent de sortir de la communication, des promesses, des effets d’annonce pour enfin agir concrètement. Pour rendre enfin concrète la promesse d’Égalité.
Benjamin Lucas, coordinateur nationale de Génération·s
Sophie Taillé-Polian, coordinatrice nationale de Génération·s
Jimmy Behague, référent Handicap et Inclusion
Julia Gensbeitel, animatrice pôle Justice sociale
Pierre Bernat, militant, observateur des pratiques policières à Toulouse
Thomas Portes et Joséphine Delpeyrat, porte-paroles de Génération·s