Une nouvelle fois, ce journal nous gratifie d’un papier pour nous alerter des dangers qui nous guettent : « Paris : le business des rues malgré le confinement » (24 mars 2020).
C’est que le sujet est brûlant : les vendeurs à la sauvette de la Place de la Chapelle ne sont pas confinés. Pire encore : ils ont « littéralement pris le contrôle de l’espace public ».
Ainsi, au péril de sa vie, il part à la rencontre de « grappes d’hommes, parfois agressifs » aux habitudes « délictuelles » ; ces mêmes « grappes d’hommes » qui, dans un article daté d’octobre 2018, « terrorisaient les femmes et les enfants du quartier » ou, dans un autre article d’octobre 2019, étaient une preuve criante d’une « gestion chaotique de la crise migratoire ».
Toujours le même discours sordide…
Plusieurs sujets, toujours le même angle, cette fois-ci résumé dans l’idée du « deux poids deux mesures ».
Sur cette place fantasmée, il y aurait donc d’un côté les victimes, bons riverains, les « habitants », les « gens », ces pères de famille à bout qui « grincent » de colère et d’appréhension ; de l’autre les coupables, ces non-riverains – entendez étrangers, migrants – tous ces « types en groupe » dont l’existence n’est que trafic et délinquance même lorsqu’ils tiennent des commerces alimentaires à qui le gouvernement demande pourtant expressément de rester ouverts : des « pseudo-épiceries » vous dit-on ! Que trouve-t-on en réalité sous les comptoirs ? Sans doute le sujet d’une prochaine enquête…
De toute façon, comment ces derniers pourraient-ils prétendre à une autre description que celle d’une meute sans individualités ? Sont-ils eux aussi pères de familles ? Quelle question… Habitent-ils ou travaillent-ils eux aussi dans le 18e ? Peu importe. La seule vraie question du Parisien est la suivante : comment osent-ils s’approprier ce quartier qui ne peut être la propriété que des premiers ?
Cette rhétorique implacable n’a d’autre fondement qu’une idéologie d’extrême droite.
Sur cette fameuse place, si Le Parisien avait pris le temps d’interroger les vendeurs à la sauvette, il aurait surement découvert que cette activité est leur seule source de revenu, confinement ou pas.
Il aurait peut-être appris que « les livraisons de cannabis à vélo » sont non seulement destinées à ses chers « riverains » qui logent au chaud et n’ont pas arrêté avec la crise de fumer du cannabis – tout comme les livraisons Deliveroo qui d’ailleurs ne semblent pas le gêner – mais aussi à toutes celles et ceux pour qui un sevrage brutal aurait des conséquences désastreuses sur le physique et sur le psychisme et qui ne sont pris en charge par aucune structure d’État.
Enfin, ultime découverte, il aurait constaté que lorsque l’on travaille dehors et que toutes les enseignes sont fermées, on est contraint de « manger dans des barquettes » sur le sol. Pour ce journal de l’extrême, les gens contraints de continuer le travail, devraient certainement arrêter de manger !
S’agissant du confinement actuel, ce ne sont pourtant pas les sujets qui manquent dans le quartier.
Par exemple, la Goutte d’Or est l’un des quartiers où l’on trouve le plus de logements insalubres. 68 immeubles dégradés y ont été recensés. Dans de telles conditions d’habitat, comment se passe le confinement ?
Et les SDF dont le nombre a augmenté de 70% en un an dans le 18e arrondissement : sont-ils à l’abri ? Leur a t-on trouvé un hébergement ? Comment se protège-t-on quand on dort à la rue ?
Le 18e, est également l’un des arrondissements où l’on compte moins de 50 professionnels de santé pour 10.000 habitants contre 100 à 150 dans le très chic 16e arrondissement. Ces inégalités d’accès au soin ont-elles un impact sur la prise en charge des malades du Covid-19 ?
Et à quelques minutes à pieds du lieu de « reportage » préféré du Parisien, l’Hôpital Lariboisière où les médecins urgentistes sont en grève depuis plus d’un an. Les demandes de moyens supplémentaires formulées alors par les grévistes ont-elles finalement été entendues par le gouvernement ?
On veut savoir ! Mais fondamentalement, il semble que ces sujets lui échappent, pourtant, ils pointent les vraies responsabilités gouvernementales de la crise. Il est tellement plus facile et moins exigeant intellectuellement de désigner, en chœur avec l’extrême droite, des bouc-émissaires. Et comme l’extrême droite, Le Parisien tombe toujours sur les mêmes : les noirs, les arabes, les sans-papiers qui étaient hier responsables du trou de la sécu, aujourd’hui de la propagation du virus… On attend avec impatience les prochains articles : « La Place de la Chapelle, épicentre du réchauffement climatique » ou « La responsabilité des vendeurs à la sauvette dans la course à l’armement nucléaire ».
Cher journal...
Nous, organisations associatives, politiques et syndicales, habitant•e•s, militant•e•s, travailleurs et travailleuses du 18e arrondissement, n’en pouvons plus de ce traitement nauséabond de l’actualité locale.
Notre quartier populaire, digne et solidaire – ne vous en déplaise – mérite mieux que vos articles racistes et méprisants.
Si vous n’êtes pas capable de parler de nos quartiers avec le sérieux qu’ils méritent, alors ne les couvrez plus ! D’autres s’en chargeront.
Pour signer cette tribune : http://chng.it/HRwpXRK4
Bonjour,
Alors c’est ça un site de bobo/babtoo fragile qui défend les populations immigrés dès qu’on se penche un peu sur la question ?
Vous pensez vraiment que ces derniers ont besoin de vous pour être défendu, et qu’ils ont envie de vivre avec vous ?
Mais regardez vous bande de fragile, jamais ils auront besoin de vous. Vous êtes seul dans votre délire dogmatique.
Allez bon courage.
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