Delphine Batho a fait preuve d’un vrai courage politique. Ce qui n’est pas commun. Elle a assumé sa critique du budget qui lui était assigné pour 2014 au ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Moins 7% - la baisse la plus importante de tous les ministères -, il est vrai que la décision est ahurissante au regard des urgences environnementales et du potentiel que représente la transition écologique pour faire face aux crises que nous traversons. Delphine Batho a choisi de ne pas cautionner. Elle l’a dit lundi dans Le Monde et plus franchement mardi matin sur RTL. La façon dont François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont traité la ministre en dit long sur le machisme et le féodalisme en cours au sommet de l’Etat. Ayrault convoquant Delphine Batho dans son bureau par twitter, ça vaut son pesant de cacahuètes. Et quand on se souvient des remerciements élogieux au départ de Jérôme Cahuzac, on se pince. Le stade atteint est celui de l’indécence. Mais au fond, la décision raconte l’impossibilité pour l’état-major socialiste en place d’accepter que les dissonances viennent du cœur du dispositif hollandais. Que Benoît Hamon qui a fait 17% au Congrès du PS, Arnaud Montebourg qui a incarné la gauche du parti dans la primaire ou Cécile Duflot qui représente l’allié EELV fasse entendre des voix quelque peu dissonantes n’est pas dangereux : c’est un jeu de rôle parfaitement compris, dès lors que chacun joue sa partition et qu’au final, la cohésion l’emporte. En revanche, si parmi les plus proches et les plus fidèles de la majorité du PS, la discordance s’affirme, elle doit être sanctionnée. C’est un rappel à l’ordre pour tous : il faut serrer les rangs. Or, ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’une des plus sages et collégiales de l’équipe dise combien l’austérité choisie n’est pas la bonne voie. Delphine Batho est même allée plus loin : « le tournant de la rigueur prépare la marche au pouvoir de l’extrême droite ». Ainsi, la faille vient désormais de l’intérieur : elle est de nature à travailler plus que d’autres les contradictions internes, au PS et au gouvernement. Les verts se trouvent fragilisés par ce lynchage de Delphine Batho, pour laquelle ils ne sont pas montrés solidaires. Or, une baisse du budget de l’écologie de 7%, c’est particulièrement difficile à avaler pour des militants écolos. Jusqu’où les couleuvres peuvent-elles aller ? Nul ne le sait. En attendant, une pierre dans le jardin du cap gouvernementale vient d’être jetée. Et le choix de ne pas se soumettre de Delphine Batho va renforcer le camp de l’alternative à gauche.
Rappelons quand même, à tout hasard, que la « transition énergétique » a lieu actuellement : Cela s’appelle la crise économique.
La crise mondiale actuelle est en effet aussi, si ce n’est avant tout, un monstrueux choc pétrolier qui hélas ne fait que commencer, dernière synthèse de Laherrère (ASPO France) :
http://goo.gl/LzmGp
Ce qui amène à (évolution prix du baril) :
http://iiscn.files.wordpress.com/2013/07/bp-oil-price-2013.jpg
Et que l’on soit quasi incapable de simplement nommer la chose (en préférant la valse des étiquettes financières) n’y change rien.
Un sérieux rééquilibrage entre taxer les carburants fossiles et le travail serait une vraie mesure.
La qualifier d’écologique, même si on peut considérer que c’est le cas, est aussi symptôme de l’incapacité à montrer la situation.
De fait on « paye » aujourd’hui la com uniquement axée sur les aspects CO2, alors que les mesures possibles sont tout simplement les -MÊMES- pour les deux aspects.
(extraction/imports Hydrocarbures, emissions de CO2)
On remarquera aussi dans le graphique prix du baril ci dessus la légende classique : « premier choc pétrolier = Yom Kippour/embargo Arabe = évènement géopolitique = rien à voir avec les contraintes géologiques ». Alors que le premier choc était surtout la conséquence directe du pic de production des Etats-Unis ayant eu lieu en 1970.
Il serait peut-être temps d’être au courant, non ?
Résumé ci dessous :
http://iiscn.wordpress.com/2011/05/06/bataille-et-lenergie/
Voir en particulier les interviews d’Akins (ambassadeur US en Arabie Saoudite à l’époque) dans « la face cachée du pétrole » partie 2 à partir de 18:00 pour le premier choc.
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