Élise Lowy, « EELV doit faire le bilan de sa participation au gouvernement »

Dans un communiqué publié dimanche dernier, Élise Lowy, porte-parole d’Europe Écologie-les Verts, déclarait « inhumains et incompréhensibles » les propos de François Hollande et Manuel Valls dans l’affaire Léonarda. Aussitôt, Pascal Durand, secrétaire national d’EELV, réagissait par communiqué interposé, affirmant qu’il s’agissait-là d’une « initiative personnelle ». Explications.

Regards.fr. Comment réagissez-vous au coup de semonce de Pascal Durand à la suite de la publication de votre communiqué condamnant fermement les positions de Valls et Hollande sur l’expulsion de Léonarda, une jeune collégienne Kossovare ?

Élise Lowy. À l’issue de la réunion du bureau exécutif de lundi, Pascal Durand est venu me voir pour me dire que son intervention dans la presse « n’était pas une désolidarisation », que certains médias avaient mal compris ses propos. En ce qui concerne mon communiqué initial, je l’assume donc sans problème. Sur un sujet comme celui-ci relatif aux droits humains, il n’y a pas à reculer ou tergiverser pour éviter de froisser tel ou tel. Je suis en accord avec mes convictions, les positions d’EELV et les fondements de l’écologie politique. De plus, les porte-parole d’EELV se sont répartis les thématiques d’intervention et celle de l’immigration m’a été octroyée, ce qui explique que l’essentiel des communiqués portant sur les politiques migratoires sont signés de mon seul nom. Comme la procédure le prévoit, j’ai contacté la commission immigration du mouvement avec laquelle j’ai travaillé ce communiqué, conforme aux positions qui ont toujours été celles d’EELV. Le mardi matin, après une discussion avec Pascal, nous avons écrit un communiqué commun, avec des mots plus diplomatiques mais qui disent la même chose que ce que j’ai dit dans le premier communiqué, qui d’ailleurs reste valide et ne sera pas retiré. Cela vient confirmer la position très claire que les écologistes ont toujours eu sur le sujet et qu’ils n’avaient eu aucune difficulté à affirmer fortement pendant leur participation au gouvernement Jospin.

Comment expliquez-vous la réaction de Pascal Durand ?

Au-delà de la réaction de Pascal, cela révèle une réalité au sein du mouvement, à savoir des conceptions différentes sur le degré « critique » à adopter dans l’expression externe vis-à-vis du gouvernement. Nous avons deux ministres au sein de ce gouvernement et certains estiment que nous ne devons pas exprimer trop fort nos désaccords. Ce n’est pas ma position. Je pense que le mouvement doit garder une parole autonome sur l’ensemble des sujets. Si Pascal a fini par signer le communiqué, c’est parce que nombre d’adhérents ont clairement exprimé une incompréhension sur ce qui leur apparaissait comme un désaveu des positions d’EELV sur ce sujet.

La politique migratoire mise en œuvre par Manuel Valls et soutenue par François Hollande justifie-t-elle selon vous la fin de la participation d’EELV au gouvernement ?

Ce n’est pas comme cela que la question se pose, car la politique migratoire n’est pas le seul sujet de discorde. On compte aussi le nucléaire, le recul sur les retraites, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes… Il faut envisager la question de manière globale : à quel moment serons-nous en capacité de faire le bilan de notre participation au gouvernement et de juger si oui ou non nous arrivons à peser ? Il est évident que nos ministres écolos se battent pour faire avancer les choses, mais de manière globale force est de constater qu’on ne peut pas se satisfaire de la politique actuelle. On ne peut plus se taire face à ce qui passe aujourd’hui, donc oui, à un moment donné, il faudra qu’on évalue de manière précise si oui ou non participer au gouvernement Hollande est contre-productif. Car certes, on doit peser là où on peut peser, mais il arrive un temps où les contradictions sont telles, qu’elles peuvent décrédibiliser l’ensemble du mouvement. Les politiques inacceptables de Manuel Valls sur les Roms, les migrations et la sécurité doivent interpeller dans leurs fondements non seulement EELV mais l’ensemble de la gauche.

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