Le 16 mars au matin, le ministère des finances de Chypre annonçait un accord sur le plan de sauvetage des banques du pays (voir document joint en bas de page). Les gouvernements de l’euro-zone apporteront des financement pouvant aller jusqu’à 10 milliards d’euros en échange d’un engagement de « changements structurels dans les finances publiques, le secteur bancaire et l’économie en général ».
Changement ? Une taxe immédiate de tous les avoirs bancaires de 6,75 % à partir du premier centime et de 9,9 % au-delà de 100 000 euros, cette mesure étant censée rapporter 5,8 milliards d’euros. Dès ce week-end, les chypriotes se ruaient sur les distributeurs automatiques de billets. Peine perdue, sachant que l’annonce précise que cette taxe s’appliquera sur les avoirs détenus au 15 mars. Devant l’impopularité de la mesure, le gouvernement commence à parler d’aménagements, aménagements que l’Europe accepte à la condition que cela se fasse à budget constant. Les premiers 20 000 euros seraient exonérés et la taxe serait portée à 12 % pour les comptes supérieurs à 100 000 euros, position défendue par Martin Schulz, président social-démocrate du parlement européen pour qui le plan doit être « socialement acceptable » et ne pas toucher les petits épargnants. On prévoit déjà que les banques locales, habituellement fermées le lundi, le soient encore mardi pour laisser le parlement chypriote voter rapidement cette mesure. Ambiance.
Il reste qu’il est encore difficile de prévoir l’impact que cette mesure aura autant sur l’économie de l’île que sur la finance internationale. L’accord prévoit que cette taxe s’appliquera sur les comptes de dépôt (deposit accounts), ce qui laisse penser que les portefeuilles-titres de riches investisseurs étrangers, souvent frauduleux et non déclarés dans leurs pays de résidence, échapperont à cette taxe alors que les épargnants locaux seront touchés sur la totalité de leurs avoirs. De même, quelle sera l’incidence sur les pensions locales ? Est-ce que les avoirs russes ne vont pas quitter précipitamment l’île, ce qui aggraverait encore la situation des banques chypriotes ? L’Union européenne semble jouer les apprentis sorciers...
Il n’en reste pas moins vrai que le nouveau président conservateur, Nicos Anastasiades, élu le 24 février 2013 sur la base de la négociation d’un plan d’aide avec la promesse que les épargnants ne seraient pas mis à contribution, fait ici un début remarqué après la dizaine d’années d’un gouvernement à majorité communiste (AKEL).